Chaque année, ils sont une vingtaine à fouler le pavé de l’Alliance française Paris Ile de France, pour apprendre à enseigner le français à un public non francophone. De tous âges, de tous horizons, chacun porte un rêve et la ferme volonté de le réaliser. Portraits de ces nouveaux diplômés, promotion 2019.
Reportage réalisé en 2019
Véronique, 58 ans
Curieuse et éclectique, Véronique enchaîne les vies professionnelles un peu partout en Europe. De la télévision, les cabinets ministériels et l’industrie pharmaceutique, elle multiplie les expériences, revenant régulièrement sur les bancs de la fac pour continuer à apprendre.
Rattrapée par ses origines italiennes, elle navigue aujourd’hui entre Paris et la Méditerranée, avec l’envie de transmettre et d’aider, notamment les migrants.
Cette formation à l’Alliance française, c’est l’occasion de se poser et de parfaire sa panoplie de compétences, au service d’une belle cause.
Jean-François, 62 ans
Jean-François est amoureux de la mécanique des langues et d'une diplomate. Formé aux lettres classiques, il fait carrière dans les systèmes d'information du secteur public.
Au gré des expatriations de son épouse, il vit en Pologne, en Hongrie, en Turquie, en Russie, en Angleterre et en Mongolie. Chaque fois, il apprend la langue locale, pour une complète immersion dans la culture du pays. Les enfants devenus grands et une retraite à préparer, transmettre sa passion du français à des étrangers devient une évidence. Il se forme à l'Alliance française.
La suite ? Repartir ou rester en France, peu importe, les opportunités sont nombreuses d'accompagner les passionnés de notre langue et ceux qui cherchent refuge chez nous.
Baptiste, 26 ans
Tout petit, Baptiste avait la passion des cartes géographiques. Après des études en géopolitique, il part en Macédoine faire de la médiation culturelle dans le cadre d’un service civique. Il y organise plein d’évènements, de la musique, du théâtre, et donne quelques cours de français.
Rentré sur Paris, changement de cap professionnel, la vocation de professeur se réveille, besoin d’aller voir ailleurs. Il s’inscrit à l’Alliance française et y enseigne, dans la foulée de son diplôme.
Sa priorité : acquérir de l’expérience et murir son projet. Pour 2020, cap à l’Est, français langue étrangère, personnes en situation d’analphabétisme, théâtre, une combinaison pleine de promesses.
Emilie, 33 ans
Emilie aime enseigner, voyager et découvrir de nouvelles cultures. Son diplôme de droit en poche, elle s’offre une année sabbatique au Mexique et aux Etats Unis, puis donne des cours pour financer ses prochains voyages.
Elle oeuvre dans une ONG humanitaire, travaille beaucoup, jusqu’à épuisement. Un changement de vie s’impose. Elle quitte son Alsace de coeur, se forme à l’Alliance française Paris Ile de France, et y rejoint le rang des professeurs pour quelques mois, le temps de faire ses armes.
Son rêve prend forme, elle partira l’année prochaine, probablement travailler dans une Alliance du réseau. Le monde lui tend les bras, quelque part, une autre vie l’attend.
Pierre-Marie, 49 ans
Pierre-Marie travaille dans la presse professionnelle économique internationale depuis de longues années. En réflexion sur la suite de sa carrière, il part marcher les 1 200 kilomètres du pèlerinage de Shikoku, au Japon.
Sa route croise celle de Yuko, coup de foudre ; il tombe également amoureux de la culture nippone. Très vite, les contours d’une nouvelle vie se dessinent : apprentissage du japonais, l’idée d’un autre métier autour de sa passion des langues.
Comme une évidence, ses pas le guident à l’Alliance Française Paris Ile de France. Cet automne, paré de ce nouveau diplôme, il prend un aller simple pour Tokyo avec le projet d’y donner des cours de français et d’anglais en entreprise.
Jérémie, 31 ans
Jérémie est paysagiste, il travaille depuis la fin de ses études en jardinerie. Quelques années après, las de cette routine, il voyage en Australie pendant de longs mois. Il y découvre une vie d’ailleurs et apprend l’anglais intensivement.
De retour en France, l’appel du large ne tarde pas, envies de Chine et d’Amérique du Sud. Il se prend à rêver d’un autre destin. Enthousiasmé par ses cours d’anglais en Australie, l’idée d’enseigner à son tour germe dans sa tête.
Le voilà donc à Paris à l’Alliance française, fraîchement diplômé, les valises prêtes, dans l’attente d’une réponse positive à ses nombreuses candidatures. Son projet ? Partir, et faire découvrir la langue de Molière aux travailleurs du monde.
Tous les grands voyageurs ont croisé un jour ou l’autre, au fil de leurs pérégrinations, le bâtiment d’une Alliance française. Ils ont l’image d’une institution incontournable, où on apprend le français et s’initie aux cultures francophones. Un lieu de rassemblement en territoire étranger, pour les expatriés et les amis de la France.
A Paris, l'Alliance française Paris Ile de France, forte de ses 8 000 étudiants sur place, est également un centre de formation réputé pour celles et ceux qui souhaitent se former au métier de professeur de français langue étrangère (le FLE dans le jargon de l’éducation). Ce sont plus de 2 300 enseignants et futurs enseignants qui suivent chaque année les formations spécifiques proposées, in situ ou à distance.
Dans le lot, une vingtaine d’adultes en reconversion qui durant cinq mois intenses vont apprendre à enseigner le français à des non francophones, en vue d’obtenir le Diplôme professionnel de l'Alliance française de Paris en Français langue étrangère (le DPAFP-FLE pour faire plus court). « Nous sommes l'unique centre de formation à former des professeurs en FLE en immersion dans nos classes » précise Didier Desseux, responsable du service formation professionnelle.
« Nos stagiaires travaillent en binôme, ils sont supervisés individuellement tout au long de la formation par un tuteur qui change tous les mois ». Ils sont ainsi accompagnés dans la prise en main progressive d’un cours complet de trois heures, objet de l’examen de fin de cursus. « Et dès l’automne 2019, nous mettons en place un stage de 36h, l’occasion d’une première expérience avant la concrétisation de leurs projets respectifs. » Une centaine de candidats postule chaque année à cette formation. Ils sont sélectionnés via un test de connaissance générale sur la langue française et un entretien devant un jury qui évalue la solidité de leur projet professionnel. Pour les plus éloignés, une alternative existe, une formation à distance tout aussi exigeante.